« Fais preuve de patience en restant avec ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir en désirant sa Face.
Ne détourne point tes yeux d’eux en convoitant le brillant et la beauté de la vie sur terre.
N’obéis pas à celui dont nous avons rendu le cœur insouciant de Nous, qui suit ses passions et dont la conduite n’est qu’un excès. »
(Coran, Sourate 18, verset 27)
« Fais preuve de patience en restant avec ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir en désirant Sa Face.
Obligation est donc faite d’être et de se maintenir en compagnie de ceux qui ont le désir de la Face de Dieu. Désir qui se traduit par l’invocation permanente.
Patience (sabr en arabe) et invocation (dhikr), voici deux obligations du cœur que doit s’imposer toute personne ayant une aspiration spirituelle. La patience est de tenir sa place, de la maintenir, dans les assemblées d’invocation, les assemblées du dhikr. Rester est désir mais également obligation. Désir du cœur mais obligation pour l’ego. Aspiration pour la Face divine et lutte contre les tendances égotiques qui s’y opposent. La pratique spirituelle est, par conséquent, fondée sur la constance de l’invocation, et aussi et surtout sur un compagnonnage qui permet d’éviter les pièges tissés par un ego livré à lui-même dans la solitude.
« Ne détourne point tes yeux d’eux en convoitant le brillant et la beauté de la vie sur terre. »
Que si le désir est tourné vers le monde et s’y attache, il prend alors la place du désir spirituel ou, du moins, entre en concurrence avec lui. La spiritualité prend donc la forme d’un combat sans relâche contre nos attaches et séductions mondaines. Le détachement (zouhd en arabe), le lâcher-prise, en est la finalité ; la victoire dans ce combat est la réalisation intérieure de ce détachement. Dans cette lutte contre notre ego l’esseulement empêche de voir si nous sommes sur le bon chemin. L’esseulement peut engendrer l’illusion par manque de perspective, n’ayant que soi comme modèle. C’est pourquoi, au lieu de tourner notre regard sur nous-mêmes, le Coran nous invite à garder les yeux fixés sur ceux qui sont sur le bon chemin, sur ceux qui sont bien orientés. L’ennemi dans le cheminement spirituel n’est autre que soi-même. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre le Hadith qui enseigne que le croyant est le miroir de son frère.
« N’obéis pas à celui dont nous avons rendu le coeur insouciant de Nous, qui suit ses passions et dont la conduite n’est qu’un excès. »
L’insouciance spirituelle est, enfin, la traduction des soucis du monde qui ne sont que nos passions auxquelles nous nous identifions. Se détourner donc de ceux qui nous confortent dans nos tendances égotiques, car suivre ses passions c’est rester dans l’illusion. L’excès dans la conduite découle de l’emprise des passions, la mesure dans le détachement à leur égard. La conduite mesurée est celle qui laisse un espace intérieur pour que vive le coeur. Ainsi, paradoxalement, se soucier de soi c’est se soucier de Dieu et non du monde. Se détacher intérieurement des soucis mondains, s’en remettre à Dieu avec confiance, c’est cela la lutte contre l’insouciance spirituelle. Ce verset coranique est donc, à lui seul, une véritable feuille de route pour celui qui chemine vers Dieu. Nourrir le cœur par la patience dans l’invocation de Dieu en compagnie de ceux qui sont bien orientés. Lutter contre l’ego qui s’y oppose par le détachement intérieur et le rejet de l’insouciance.
Ce verset coranique est donc, à lui seul, une véritable feuille de route pour celui qui chemine vers Dieu. Nourrir le cœur par la patience dans l’invocation de Dieu en compagnie de ceux qui sont bien orientés. Lutter contre l’ego qui s’y oppose par le détachement intérieur et le rejet de l’insouciance.